« Entre passé, présent et futur »Extrait d’un article de Valérie Aurel. Art plein cadre.


Artisan passionné, Patrick Lonza pousse la conception de l’encadrement au-delà de ses limites traditionnelles. Il n’achète jamais de baguettes Il fabrique entièrement à la main, d’un bout à l’autre, les éléments de son encadrement. Il joue avec les formes qu’il libère et la matière et la couleur subissent par ses recherches permanentes les lois de l’alchimie. « J’utilise mon atelier comme un laboratoire expérimental. J’emprunte à différents métiers des savoir-faire du bronzier, de l’ébéniste, du joaillier. Quel que soit le matériau, bois, bronze, plastique, résine, je ponce, je brosse, je polis, je vernis et je cire. Je reconditionne, je bouscule les techniques pour anoblir la matière »

Tout naturellement le cadre affranchi de son rôle traditionnel gagne sa propre existence. « Maîtriser le processus de création et de fabrication de A jusqu’à Z me donne une grande souplesse. Je peux faire du contemporain comme une évocation de cadre traditionnel hollandais… Certains argumentent qu’une œuvre doit se suffire à elle-même et qu’une simple baguette suffit. Je ne suis pas d’accord. Un cadre se voit toujours. Il vaut mieux qu’il soit juste et fort »

Pour obtenir cette justesse, l’encadreur se documente beaucoup. Il possède d’ailleurs une belle bibliothèque de livres d’art. « Avoir une bonne connaissance de l’histoire de l’art est primordial.  Il faut pouvoir situer historiquement, géographiquement, scientifiquement un document. Chaque œuvre est différente, chaque client unique. J’ai autant d’émotion à encadrer pour des collectionneurs un Velasquez qu’un Poliakoff, une photographie de Hans Bellmer, une épreuve pigmentaire de Demachy ou une vanité d’Antonio Gibrès… qu’un dessin d’enfant pour un particulier »

Passionné par l’univers des formes et portant un regard observateur et curieux sur les différentes cultures, Patrick Lonza traduit ce qu’il perçoit, quasi instinctivement.

Mais ce travail de « haute couture » ne doit pas faire oublier les techniques de conservation et de protection des documents. « C’est un travail réversible, le choix des matériaux et la qualité du montage assure la protection des œuvres encadrées, j’utilise toujours des matériaux au ph neutres ainsi que des verres qualité musée, anti-uv et anti-reflets. »

Lorsqu’il travaille pour un client, l’encadreur aime discuter avec lui de ses désirs, des matières mais aussi de la relation qu’il noue avec son document. Il peut même, pour des projets importants, se déplacer pour connaître l’environnement où l’œuvre encadrée sera placée. « Mon métier, c’est d’abord une rencontre avec l’autre. La richesse de mon travail d’encadreur est véhiculée par le talent et l’envie de mes clients. Je conçois mon métier comme un grand dictionnaire universel ! »