Cadres Paris


Les cadres « révolutionnaires » des peintres impressionnistes : Pissarro, Degas, Gauguin, Cassat

Florissante au 17e et 18e siècles, la production des cadres sculptés à la main et dorés a connu un certain déclin avec l’invention des pâtes économiques, qui imitait les ornements en bois par des moulages en plâtre. Dès lors, les cadres de style Louis XIV ou Louis XV, dits en pâtisserie, ont largement envahi les galeries, les musées. Ainsi, le règlement du Salon officiel en 1884 précisait que les œuvres présentées devaient être obligatoirement encadrées dans des bordures dorées, noires ou en bois naturel foncé.

A l’époque des Impressionnistes, plusieurs artistes se sont érigés contre la médiocrité de ces encadrements imposés à leurs œuvres. Leur recherche d’innovations s’est étendue à la présentation de leurs tableaux, recherchant ainsi un accord entre le contenant et le contenu, entre le tableau et le cadre. Ainsi ont-ils eux-mêmes crée de nouveaux modèles.

Le cadre blanc

Abandonnant aux peintres de la vieille école les cadres d’or, Pissarro, à l’exposition du Salon de 1877, borde ses œuvres de cadres blancs, ce qui apparaît comme révolutionnaire  : « une protestation contre le Louis XIV et le Louis XV rococo qui sévissait autour de la peinture bien née » (Joyan). D’autres comme Monet, Degas, Berthe Morisot ou Gauguin vont lui emboîter le pas. Ces cadres au profil plat, sont en continuité de la surface du tableau et présentent l’avantage de ne pas projeter d’ombre sur l’œuvre. L’or peut toujours y apparaître mais de manière plus légère, juste une trace, un trait fin ou bien une dorure qui laisse voir les veines du bois.

Ce type de cadre introduit une rupture de fait avec sa fonction traditionnelle de parure (paregon) en devenant le premier fond sur lequel se détache l’œuvre.

Les cadres colorés

D’autres essais avaient déjà eu lieu comme « les fameux cadres de jardin » de Degas, nommés ainsi par Whistler qui revendiquait être le premier à avoir utilisé des cadres colorés . Pissarro, de son côté, en 1880, explore toute la gamme des couleurs complémentaires de la couleur dominante du tableau : « pour un soleil couchant à la dominante rouge, un cadre vert, pour une toile violacée un cadre de ton jaune mat ; un printemps d’aspect vert d’enchâsse dans du rose : la lumière resplendit plus congrue et plus harmonieuse » (Lecomte). Mary Cassat, elle aussi, à la quatrième exposition impressionniste, entoure ses portraits de cadres rouges.

Si pour certains les œuvres paraissaient ingénieusement encadrées, pour d’autres ces bordures étaient jugées du plus mauvais goût.

La peinture impressionniste, dans ses encadrements originaux et audacieux s’écartait des styles traditionnels, choquait les habitudes mais  ouvrait ainsi la voie au renouvellement du cadre.